L’été n’a pas encore été officiellement annoncé par Mère Nature, mais les boutiques, elles, l’ont annoncé. Elles ont décidé qu’il fallait changer leurs vitrines, retirer les bottes d’hiver des mannequins, leurs manteaux de fourrure énormes sur leurs corps squelettiques, remplacer les tuques par des chapeaux, les pulls en cachemire par des tank tops, montrer leur absence de nombril, sortir les shorts en jean déchirés et les sandales en cuir pour agrémenter leurs pieds aux orteils collés.
Ces mannequins ne parlent pas, mais de leur silence et de leurs accoutrements, ils nous incitent à en faire de même, à se pavaner sur des terrasses en sirotant des cocktails glacés. Sauf que ces mannequins, eux, n’ont pas de poils. Ils ne sortent pas dehors et ne peuvent donc pas sentir le vent frais, celui qui nous les hérissent.
Le seul avantage, c’est que les boutiques profitent de ce changement de temps pour se débarrasser de leur stock d’hiver en annonçant des ventes à prix cassés défiant toute concurrence. Nous nous jetons sur ces belles aubaines – je me jette sur ces belles aubaines – en espérant secrètement que l’hiver fera juste un petit retour le temps de montrer aux copines mes nouveaux achats et surtout de me persuader d’avoir fait de bonnes affaires. Notre ville est connue pour ne pas avoir d’intersaisons, son climat nous brutalise en passant d’une température hivernale à une température estivale d’un jour à l’autre et vice versa.
Malgré tout, on l’aime notre belle province, on sourit malgré les désagréments. Et puis, le soleil commence à chauffer. Encore un peu de patience. Oui, ça fait six mois qu’on patiente. Non, ça ne fait pas de nous des pros de la patience.